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    Ce blog est consacré à la recherche mythologique, en particulier à la mythologie comparée indo-européenne et à la théorie de la quatrième fonction.  

     

      Il est tenu par Pierre et André Sauzeau, qui ont fait paraître deux livres sur ce sujet.

     

    *** En 2012 : LA QUATRIEME FONCTION. Marginalité et altérité dans l'idéologie des Indo-européens, dans la collection Vérité des mythes, dirigée par B. Deforge, aux Belles Lettres. 

     

    *** En 2017 : LA BATAILLE FINALE. Mythes et épopées des derniers temps dans les traditions indo-européennes, à L’Harmattan. 

     

     

     

    Les recherches sur la quatrième fonction s’inscrivent  dans la tradition des études de mythologie comparée renouvelées par Georges Dumézil. Celui-ci, par la comparaison des textes et des institutions relevant de plusieurs cultures de langues indo-européennes (surtout l’Inde, l’Iran, Rome, la Scandinavie, plus rarement le monde celtique ou slave) a établi la trifonctionnalité comme structure essentielle de l’idéologie des Indo-Européens :  

     

    1ère fonction : sacré, souveraineté, normes 

     

    2ème fonction : force, guerre 

     

    3ème fonction : richesse, beauté, fécondité, travail productif 

     

    Il ne s’agit pas forcément d’une structure sociale réellement institutionnalisée, mais d’un modèle de l’ordre social et cosmique.  

     

    Dumézil n’a jamais prétendu que les structures trifonctionnelles recouvraient l’ensemble des champs mythiques indo-européens. C’est pourquoi notre intention n’est pas seulement d’apporter de nouvelles séries trifonctionnelles ou des comparaisons inattendues ; il ne suffit pas non plus d’élargir le champ de l’enquête à la Grèce, longtemps négligée – à tort ! Il s’agit de renouveler la théorie dumézilienne grâce à l’hypothèse de la quatrième fonction : 

     

    4ème fonction : l’Ailleurs, l’Étrange, le Marginal, le non-Ordre. 

     

    Le modèle devient alors quadrifonctionnel. Ce modèle élargi, proposé jadis par les frères Rees, a été développé par l'anthropologue britannique Nick Allen et récemment par nous-mêmes dans plusieurs publications, dont les livres cités plus haut. Il permet, sans renier aucunement les découvertes de Dumézil, de progresser dans la compréhension des anciennes mythologies indo-européennes.

     

    On constate en sus qu’il fournit une utile grille d’interprétation à diverses productions culturelles modernes, en particulier dans le domaine de la fantasy, où se retrouvent bien des éléments, notamment des structures, d’héritage indo-européen. 

     

     

     

  • Nous présentons ici une série iconographique à l'appui d'une hypothèse d'histoire des religions: la série des cavaliers de l'Apocalypse de Jean serait d'origine indo-européenne, et probablement iranienne.

    André et Pierre Sauzeau ont publié deux articles dans la Revue d'Histoire des Religions (RHR, 1995, fasc. 3 et 4) sur la structure symbolique des chevaux colorés de l'Apocalypse. Dans le texte de Jean (VI), les couleurs des quatre chevaux  (blanc, rouge, noir, "chlore") correspondent à celles qui sont associées aux quatre fonctions indo-européennes, dont nous proposons la théorie, pour compléter les trois fonctions "duméziliennes". En outre, les explications du narrateur et les attributs de chaque cavalier correspondent parfaitement à la fonction suggérée par la couleur du cheval (couronne, épée, balance, mort et enfer). L'arc du premier cavalier, resté énigmatique pour tous les commentateurs, oriente vers l'Orient iranien, où l'arc est l'arme royale par excellence – comme en Inde.

     

     

    Les quatre cavaliers de l'Apocalypse (Beatus de Facundus, 1047)

     


    On trouvera donc ici quelques unes des représentations de ce passage de l'Apocalypse de Jean, dont les plus anciennes (Xème et XIème s.) sont empruntées aux manuscrits reproduisant le commentaire de Beatus de Liebana (moine espagnol du VIIe s., dont l'œuvre a été un best-seller du haut moyen-âge). Les couleurs des chevaux représentés sont sans doute peu intéressantes, ne serait-ce que pour des raisons techniques ou de conservation. Le détail le plus important est la position du premier cavalier (qui tire tourné vers l'arrière, comme les Scythes ou les Parthes), détail qui paraît un lointain écho de l'origine iranienne de ce thème eschatologique.

    Voici une statuette du VIe s. av. J.-C. représentant une Amazone qui combat "à la Scythe" (les Scythes étaient des nomades de langue iranienne):

    Amazone qui tire en arrière

     

    Et voici, le roi sassanide (dynastie qui règne sur l'Iran de 224 à 651) à la chasse. On notera, outre la position caractéristique de l'archer, la forme de sa couronne, que l'on comparera avec celle du premier cavalier, par exemple sur le Beatus de Facundus ou sur les suivants.

     

     

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    Beatus d'Urgell (975)

    Beatus d'Urgell

    Beatus de Valladolid (vers 970)

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    La tradition du cavalier scythe ou parthe tend à s'affacer. Dans l'Apocalypsre de Saint-Sever (Landes; 1060-1070), le cavalier blanc a perdu cette position caractéristique.

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    Beatus de Silos (vers 1100)

    Bibliographies

     

    Certains enlumineurs sont même à la pointe du progrès technique : le premier cavalier porte une arbalète... (Beatus de Osma; 1086)

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    Il est cette fois clairement assimilé au Christ, suivant une interprétation empruntée à un autre passage de l'Apocalypse.

    Beaucoup plus tard, l'enlumineur de la Bible d'Ottheinrich (1530-1532) illustre une autre interprétation, selon laquelle l'arc du 1er cavalier est l'arc-en-ciel.

    Bible d'Ottheinrich

    Mais, curieusement, la position caractéristique des cavaliers archers iraniens se retrouve au XVe siècle, dans certaines gravures (Bible de Cologne) et chez le flamand Memling (Saint Jean Baptiste et Saint Jean l'Évangéliste, Bruges, 1479).

     

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    Le génie de Dürer fait exploser le schéma narratif et fonctionnel de l'image traditionnelle: les cavaliers attaquent de front au lieu de se succéder; bien entendu, pas de couleurs; las attributs deviennent des armes, y compris la balance... Le point de vue privilégie la mort, au premier plan.

     

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